Aux origines de la porcelaine de Limoges
François Baignol dit « Cadet » est né en 1791 à La Seynie à Saint-Yiriex-La-Perche en Haute-Vienne où fut découvert en 1764 les premiers gisements de kaolin et fut fondé en 1774 la toute première manufacture de porcelaine avec celle de la manufacture du comte d’Artois, la manufacture de La Seynie, édifiée par Jean-Baptiste Du Garreau De La Seynie, et qui est à l’origine de la porcelaine de Limoges dite dure. Elle fut un temps gérée par son père Etienne Baignol de 1789 à 1797 qui transmis à la manufacture son savoir-faire de tourneur appris à la manufacture du comte d’Artois particulièrement après son rachat par la manufacture de Sèvres.
Encrier blanc et or : Flore, Marc-Hilaire Villaris (1719-1792), apothicaire à Bordeaux. Manufacture Baignol (C) RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Guy Gendraud
Très jeune, Francois Baignol fut initié à l’art de la porcelaine dans la manufacture paternelle « la fabrique des Augustins », crée en 1797 et qui fut l’une des principales fabrique de Limoges, où il apprend la technique difficile du tournage et de la décoration puis il succédera à son père, Etienne Baignol, en 1825 au couvent des Augustins. En 1825, il fonde une seconde manufacture « la fabrique de Saint-Brice » dans la forêt de Brigueil, aux confins de la Haute Vienne et de la Charente, où il peut trouver du bois en abondance et possède un moulin sur la Glane.
Service au décor de pampres et Pot à eau et bassin. Manufacture Baignol (1797-1825) (C) RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
En 1830, avec ces deux fours et plus de trois cent ouvriers, sa fabrique devient l’une des plus importantes du département. Malheureusement, la révolution de Juillet, provoqua un ralentissement des affaires qui fut fatal à bien des entreprises et Baignol, comme d’autres fabricants limousins, fut contraint pour surmonter ses difficultés de demander du secours aux autorités. La chambre consultative des Arts et Manufactures chargée de répartir la subvention allouée par l’État, ne lui accordera qu’une somme dérisoire qui ne lui permet que de régler les dettes les plus criantes contre le nantissement de ses marchandises mises sous scellées. Ses affaires se détériorent à tel point qu’en 1833, il donne sa fabrique à ferme à un certain Meunier.
En 1834, les effectifs se trouvent réduit de moitié. En février 1835, c’est la catastrophe, Latrille, porte parole des créanciers limousins, fait appel au juge de paix de Saint-Junien pour apposer les scellés sur la marchandise entreposée à la Fabrique de Saint-Brice. Les ouvriers s’opposent en s’armant à cette mise des scellés sur ce qui était leur seul gage de leurs salaires. Prudemment, le juge de paix s’est retiré et aucun désordre n’a été commis. Quelques jours plus tard, tout rendre dans l’ordre. Les ouvriers ont reçu une avance de quinze jours de travail de Meunier, qui s’est engagé, en outre, à leur payer l’arriéré dû par Baignol. Maurice Ardant, président du tribunal de commerce, qui a constaté que Meunier paye régulièrement son loyer à la masse des créanciers, prends à la demande des agents de la faillite, une ordonnance très modérée en accordant un sauf conduit pour Baignol, une autorisation de traiter avec le sieur Meunier, un inventaire sans apposer les scellés et aux ouvriers de continuer les travaux de la fabrique dans l’intérêt de tous. Malheureusement, le couperet arrive du ministre de l’intérieur ordonnant plus de fermeté à l’administration pour apposer les scellés. Malgré les instructions ministérielles et une intervention intempestive de Latrille, l’administration locale fait tout son possible pour calmer les esprits et défendre les intérêts tant des ouvriers que des créanciers.
Quoi qu’il en soit, les Annales des 4 et 11 décembre 1835 annoncent la vente aux enchères de la fabrique des Augustins à Limoges et du moulin sur la Glane. Il est vraisemblable cependant, que François Baignol ait pu reprendre la direction de Saint-Brice qu’il maintint en activité tant bien que mal. Ses fils, Camille et Évariste, lui succèdent de 1840 à 1855. En 1844, cette fabrique disposant de deux fours et de 56 tours occupait cent cinquante personnes faisant quatre vingt fournées par an. Particulièrement novateurs, les fils de François Baignol réalise en 1855 le premier essai de cuisson au gaz, véritable révolution dans la profession témoignant de l’intérêt que les Baignol portaient au progrès de la technique. En 1856, ils vendent la fabrique de Saint-Brice aux frères Lamy qui, un an plus tard la céderont à Jules Parrant.
La suite de l’histoire au chapitre suivant : Du XIXe au XXe siècle : la transmission